À huit ans, Rubén Ponce faisait pitié. Ses petites jambes ressemblaient à cure-dents et il courait de manière complètement désarticulée. Mais quand il avait un ballon entre les pieds, personne ne pouvait le lui prendre – à moins de lui donner une pichenette, car alors il s’effondrait par terre comme un sac.
Son père se rendit compte de l’énorme potentiel de son fils, mais aussi de ses carences musculaires pour réussir dans le foot. Pendant dix ans, il lui fit suivre un régime strict à base de spaghettis bolognaise, d’omelette espagnole, d’œufs brouillés au chorizo et de bon pot-au-feu bourré de lard et de pois chiches. À dix-huit ans, le jeune Rubén débordait de santé, ses jambes faisaient peur, son ventre naissant nuisait un peu à son jeu de hanches mais il n’avait rien perdu de son habileté – et plus personne ne le faisait tomber aussi facilement.